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Texte Libre

Bonjour à vous, amis bloggeurs. Voici une porte ouverte sur Haïti, pays dans lequel nous avons vécu et travaillé pendant près de deux ans. Nous habitions à Pérodin, petit village au coeur de la chaîne des montagnes noires, appelée aussi chaîne des Cahos, dans le département de l'Artibonite.

En octobre 2005, nous atterrissions à Port-au-Prince. Nous avions été embauchés par l'association Inter Aide en tant que responsables d'un programme de scolarisation primaire dans une zone "rurale et isolée", selon les termes de l'annonce...

Un an plus tard, revenus dans les mornes haïtiennes et heureux propriétaire d'un appareil photo numérique, nous avions désormais la possibilité de vous faire découvrir en images notre cadre de vie.

C'est ainsi qu'est né le blog.

De nouveau sur le territoire français depuis le mois d'août 2007, nos chemins se sont séparés. Si bien que davantage qu'un blog, cet espace est désormais plus un aperçu d'une tranche de vie.
En espérant que sa visite vous plaise...
8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 19:27

-Vendredi 6 octobre, 8h10-

Nous quittons la maison de Maréus, à Chenot, pour nous rendre à l'école de Facoune. La « route » (nous on dirait chemin) est particulièrement mauvaise du fait de la saison des pluies et, plus particulièrement, des averses de la veille : boue, roches glissantes, pentes difficiles à escalader, etc. Nous mettons 2h45 pour rejoindre l'école. Nous la visitons, échangeons quelques mots avec les enseignants et nous réunissons avec le comité de gestion de l'école composé de parents d'élèves et de maîtres. Réunion intéressante et assez longue. Dans cette école, le nombre d'élèves inscrits pose problème cette année. En effet, alors que la date officielle des inscriptions est déjà dépassée, il n'y a que 94 élèves contre 292 inscrits l'année dernière. En outre, la construction de trois salles de classes a commencé mais le chantier stagne. Résultat : le ciment entreposé dans l'école durcit... Nous discutons de tous ces points avec le comité. Visite intéressante donc. Ci-dessous deux photos de l'école et quelques autres à la fin de l'article.

Pour le retour, nous avions décidé de rallier directement Pérodin, chez nous, plutôt que de passer à nouveau une après-midi et une nuit à Chenot et rentrer samedi matin comme nous l'avions envisagé au départ. Nous savions que pour aller de Facoune à Pérodin, il fallait passer par l'école de Marouge, sur la zone de Pérodin, mais nous ne connaissions pas la première partie du trajet. Nous imaginions néanmoins que ce serait assez long.


Départ de Facoune à 13h30. Nous déjeunons de deux bananes.



Nous trouvons la route de Marouge sans trop de difficultés. Ça monte et il fait vraiment très chaud... Dur ! Nous marquons une pause pour manger une mangue.

Arrivés à Marouge -il est 15h40-, nous passons devant l'école et redescendons la montagne.




Nous avons déjà fait ce trajet une fois et pensons donc pouvoir le retrouver. Nous savons qu'il nous faudra traverser la rivière ou alors longer son lit.                                                          

 Le soleil s'est caché derrière les nuages, il fait plus frais, la marche est plus agréable.

Il commence à pleuvoir peu après le début de la descente. Au début, c'est léger, ça rafraîchit. Tout va bien...

Quelques minutes plus tard, l’orage gronde. On évite de passer sous les arbres, il pleut fort. On met le téléphone et ma montre à l'abri dans des sacs en plastique dans nos sacs à dos. Ça glisse sur la terre rouge argileuse, on est trempé.

Arrivés en bas, nous traversons la rivière deux fois et, à un croisement, optons pour un chemin qui monte. Nous grimpons donc. Le chemin s'est transformé en ruisseau, nous escaladons plutôt que nous ne marchons. Il pleut toujours. Nous avons bien conscience de nous être trompés mais il nous est difficile de rebrousser chemin. David dit : « Ce serait du suicide de descendre par là où nous sommes montés ! » Il aime bien exagérer un peu...

Un fois en haut, nous scrutons le paysage et, malgré la brume et la pluie, l'impression se confirme : on est pas sur la bonne route ! Nous apercevons une habitation légèrement en contre-bas et décidons d'aller nous renseigner. Ce fut une bonne idée…

Un couple habite là. Le monsieur nous reconnaît, il est bénévole au sein du comité de gestion de l’école de Bois d’Ortie. Nous ne sommes d’ailleurs pas très loin de l’établissement. Monsieur et Madame, surtout Madame, nous déconseillent fortement de repartir : il pleut toujours, nous ne sommes pas habitués à la zone, nous ne saurons pas traverser la rivière qui monte beaucoup par temps de pluie. Nous, on insiste, on veut arriver à Pérodin aujourd’hui et avant la nuit. Nous demandons donc quel est le plus court chemin et nous repartons. Ça descend à présent, nous suivons les indications données précédemment et nous nous retrouvons presque à faire de l’escalade à l’envers tellement la pente est raide ! Monsieur nous a rejoint d’ailleurs, sous la pluie. Sa femme a du lui dire : « Ne les laisse pas partir comme ça surtout ! » Nous avions pourtant décliné l’offre d’accompagnement plusieurs fois… Bref, le voilà parmi nous et… c’est tant mieux ! Nous traversons une première fois : deux pas suffisent pour nous faire enjamber un mini-bras de la rivière. Puis, nous longeons le cours d’eau, suivant notre guide qui nous amène jusqu’à un endroit d'où il sera plus facile de gagner l’autre rive. Il entre dans l’eau pour s’assurer que nous pouvons le suivre et nous le rejoignons. Heureusement qu’il était là finalement, nous n’aurions sans doute pas oser traverser seuls. L’eau nous arrive jusqu’aux fesses, enfin les miennes, toujours. Le courant est fort, nous luttons un peu. Je consulte David pour savoir de combien était la largeur de la rivière : au moins 20m, selon lui. Je doute un peu mais bon, c’était assez large ! Notre guide poursuit sa route jusqu’à un point que nous reconnaissons. Nous remercions chaleureusement et assurons que nous pourrons continuer seuls. Notre « sauveur » s’appelle Sidoine Péticar.

Nous poursuivons donc et savons qu’il nous faudra « enjamber » (comme on dit ici) le cours d’eau une dernière fois, au moins. Nous parvenons à la rivière. Elle est grosse !! David fait deux pas dans l’eau mais cela s’avèrerait trop dangereux de traverser. Nous nous apprêtons donc à attendre que le niveau baisse. La pluie s’étant arrêtée, cela devrait arriver, un jour… Quand un homme surgit ! Il nous a vu de loin, il ne pouvait pas nous laisser comme ça, c’est dangereux, surtout pour des gens étrangers à la région, etc. Et nous revoilà avec un guide qui nous fait longer la rivière jusqu’à un endroit d’où il sera, potentiellement, plus facile de traverser. Arrivés à destination, toujours trempés –il y a belle lurette que nos chaussures font « floc, floc » quand on marche (dixit David)-, le niveau de l’eau est toujours trop haut. On attend donc. De l’autre côté de la rive, sont arrivés un jeune garçon et un monsieur. Ils échangent quelques mots avec notre guide. L’attente dure quinze minutes, vingt peut-être. L’homme, de l’autre côté, dit à notre guide qu’il n’est pas courageux, qu’il n’ose pas se jeter à l’eau… Et puis, après avoir pris soin de retirer ses vêtements et seulement vêtu de son slip, le monsieur traverse finalement et vient à notre rencontre. Le jeune garçon nous rejoint également. Cela n’a pas l’air si compliqué à première vue… Nous comprenons que le monsieur –dont nous découvrons l’anatomie, sous-vêtement trop lâche oblige !- va nous faire traverser… Je me lance la première, mon guide me tient très très fermement la main, il ne la lâchera que de l’autre côté. L’eau arrive jusqu’à mi-torse, le courant est fort, il faut lutter contre, tenter de ne pas trébucher sur le fond pierreux. Je n’aurais pas su traverser toute seule. Le guide repasse de l’autre côté et va chercher David, qui s’inquiète fort pour son sac à dos : s’il est mouillé, le tout nouvel appareil photo numérique qui s’y trouve risquerait de ne pas aimer… J’encourage David et lui dis de ne lâcher la main du guide sous aucun prétexte. C’est dur mais ça passe !

Je me souviens d’une photo de mes parents, prise quelque part en Afrique : ils traversent une rivière, visages concentrés, bien attachés l’un à l’autre. Le niveau de l’eau ne paraît pourtant pas très élevé… Je comprends à présent mieux ce que cela signifie… Même si ce n’est pas profond, l’effort à déployer pour lutter contre le courant d’une rivière et éviter de tomber est loin d’être insignifiant !

David et moi sommes à présent tous les deux sur l’autre rive, il nous faut à présent grimper à Pérodin. De nouveau, ça glisse, on escalade parfois plus qu’on ne marche, etc. Vous connaissez la chanson à présent non ?

La nuit commence à tomber, nous arrivons enfin chez nous ! Maga nous fait la fête, malheureusement Cannelle n’est pas revenue. Il est 19h !

L'appareil photo est intact. Nous chauffons de l'eau sur la gazinière pour nous doucher. Ça fait du bien !

Alors, pensez-vous que le terme de « périple » s’applique à notre journée de vendredi ? A vous de le dire…

Nelly


 

 

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commentaires

J
La traversée fantastique.<br /> Mince alors, le coup de la rivière, nous n'avons jamais fait cela !!! Il faut qu'on y retourne !!!  Faites attention quand même aux petites et grosses bêtes, genre hippopotames, caïmans... Nous savons, il n'y en a pas, dommage, cela pimenterait la traversée. Nous plaisantons bien sûr !!! Revenez entier, on vous aime. Bisous.<br /> Jeannine et Yannick
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