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Texte Libre

Bonjour à vous, amis bloggeurs. Voici une porte ouverte sur Haïti, pays dans lequel nous avons vécu et travaillé pendant près de deux ans. Nous habitions à Pérodin, petit village au coeur de la chaîne des montagnes noires, appelée aussi chaîne des Cahos, dans le département de l'Artibonite.

En octobre 2005, nous atterrissions à Port-au-Prince. Nous avions été embauchés par l'association Inter Aide en tant que responsables d'un programme de scolarisation primaire dans une zone "rurale et isolée", selon les termes de l'annonce...

Un an plus tard, revenus dans les mornes haïtiennes et heureux propriétaire d'un appareil photo numérique, nous avions désormais la possibilité de vous faire découvrir en images notre cadre de vie.

C'est ainsi qu'est né le blog.

De nouveau sur le territoire français depuis le mois d'août 2007, nos chemins se sont séparés. Si bien que davantage qu'un blog, cet espace est désormais plus un aperçu d'une tranche de vie.
En espérant que sa visite vous plaise...
15 septembre 2006 5 15 /09 /septembre /2006 16:49

Mail collectif du 15 septembre 2006


Bonjour, bonsoir à toutes et à tous,

J'espère que ce message vous trouvera en pleine forme.
Voici revenu le mail collectif en provenance d'Haïti... Peut-être certains d'entre vous ont-ils soupiré en voyant le message s'afficher dans leur messagerie ? Encore de longues lignes à lire se disent-ils ? ;-) OK, j'ai bien enregistré les remarques des uns et des autres et, si j'ai bien compris, mes messages, ils sont pas mal mais ils sont aussi un peu trop longs ! J'essaierai donc de faire plus court cette année...


Nous voici de retour en Haïti, 2ème atterrissage, mais cette fois nous savions ce qui nous attendait... Le voyage s'est bien passé, d'autant que nous avons de nouveau eu la chance d'être surclassés sur le vol Paris - Pointe à Pitre. Cette fois, ce n'était pas en classe « Affaires », comme à l'aller, mais en « Alizé ». Un peu moins chic donc, car pas de champagne mais du planteur, pas de massage intégré dans le siège et pas de possibilité de l'incliner à 180°, mais pas mal quand même, par exemple on a mangé du foie gras... !
L'humidité et la chaleur furent de nouveau saisissantes en arrivant à Port-au-Prince et nous avons passé la douane sans problème. Nous reprenons à présent le travail, de ce côté là ça a l'air d'aller.


Nous revenons donc après de très chouettes vacances entre Paris et la Bretagne. Nous regrettons de ne pas avoir pu tous vous revoir mais nous vous assurons que ce sera pour la prochaine fois. Merci à toutes et tous pour ces moments passés ensemble. Ces instants de joies, de plaisirs, de soirées, de ballades, de rires, de bonne bouffe et... de vie sociale -tout simplement- nous ont fait beaucoup de bien. En passant, nous sommes aussi allés au cinéma et nous vous conseillons très vivement « Le vent se lève » et « Little Miss Sunshine », très différents mais tous deux vraiment bien. A l'occasion, si vous vous retrouvez devant « Miami Vice » (Deux flics à Miami), vous aurez un aperçu des rues de Port-au-Prince dans un quartier qui nous est interdit parce que connu comme trop dangereux : Cité Soleil, haut quartier de la drogue d'après le film mais dans la vraie vie aussi semble-t-il...

Au cours de ces semaines en France, nous avons également passé deux jours au siège d'Inter-Aide, à Versailles pour faire le bilan de l'année écoulée et discuter de celle à venir. Nous en avons profité pour annoncer à nos responsables que nous souhaitions quitter notre poste au plus tard lors de l'été 2007. Autrement dit, en partant l'année dernière, nous nous disions que ce serait pour deux ans au moins, aujourd'hui, il s'avère que ce sera deux ans MAXI !


Voilà, j'arrête ici en espérant ne pas avoir perdu trop de lecteurs en route... ;-)
Dites-le moi si c'est trop long !


Plein de bonnes choses à vous et profitez bien de la fraîcheur, ici on dégouline même en ne faisant que taper sur un clavier !
Je vous embrasse et pense bien à vous,


Nelly


Salut,


Je me permets de rajouter quelques mots (et oui, Pierre, encore quelques lignes à lire...). Je viens d'aller faire quelques courses et je me suis rendu compte que la circulation et l'état des routes ne s'améliorent pas !

En tout cas, nous avons passé de très bonnes vacances, ça nous a fait du bien de revoir tout le monde (ou presque...). D'ailleurs, Aurélien, je t'envoie un mail pour m'excuser le plus rapidement possible.

Nous avons refait le plein, c'est reparti pour un an. Vous nous retrouverez bientôt sur un blog photo qui vous montrera plus précisément notre vie ici. (Nous avons en effet un nouvel appareil numérique, merci Maman, merci Papa, et c'est le nouveau joujou de David...)

Voilà. Je ne suis pas très inspiré, donc j'arrête là.
Je vous embrasse tous,

David

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11 juillet 2006 2 11 /07 /juillet /2006 16:19
Mail collectif du 11 juillet 2006

Chers tous et toutes,

Je suis très heureuse de vous annoncer que je vous écris aujourd'hui depuis... Pérodin ! Cela ne doit pas signifier grand chose pour vous mais pour nous c'est un véritable changement. En effet, Internet a été installé dans le bureau du petit village où nous habitons dans les mornes haïtiennes. Ainsi, chez nous, aucun véhicule ne peut « monter », il faut près d'une heure de marche pour aller de notre maison au lieu où nous stationnons la voiture, il faut quasiment une journée pour parcourir les quelques 180 km qui nous séparent de la capitale, on ne trouve ni yaourts, ni boîtes de conserve, ni papier hygiénique, ni... la liste serait trop longue. Il n'y a ni bar, ni resto, ni vrai commerce MAIS, à présent, il y a Internet !
Ainsi, je n'aurai plus l'excuse de la connexion plus que rare pour ne pas pouvoir vous répondre très souvent... En revanche, nous avons toujours pas mal de boulot, surtout en cette fin d'année scolaire, et nous continuons de bouger entre nos différentes zones d'affectation qui ne sont pas toutes reliées au monde entier via satellite... Mais, à présent, vous pourrez m'engueuler si je ne réponds pas assez vite !

Et vous, comment va ? La vie, les amours, les enfants, les sorties, les films, les concerts, les spectacles, le boulot, les vacances, et j'en passe ?
J'espère que ce message vous trouvera toutes et tous en pleine forme, malgré la défaite de dimanche dernier... Ici, les gens étaient heureux car pro-Italie. Je devrais plutôt dire contre la France car pro-Brésil. Or, les Français ayant battu leur équipe favorite, CQFD ! Bref, ici aussi le foot est un sport ultra-suivi. Pour info, le mot créole pour dire « supporter », c’est « fanatik ». A défaut de télévision (il n'y en a quasiment pas dans les Cahos), les matches étaient écoutés à la radio. Un peu casse-tête parfois...

Et nous ? Et bien, pour résumer, on bosse et on a hâte de rentrer. Je crois que cela fait bien longtemps que je n'ai pas autant attendu et espéré qu'un jour, le 1er août en l'occurrence, arrive.

Je vous laisse pour ce soir en vous souhaitant une bonne journée. A bientôt ;-) !
Plein de bises chaleureuses et ensoleillées à toutes et à tous,

Nelly

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22 juin 2006 4 22 /06 /juin /2006 20:37

... enfin presque !

 

Chers toutes et tous,
 

Comment va en France, en Argentine, à Singapour, au Liban, et ailleurs ? Bien j'espère !
 

« On arrive donc » : ce n'est pas tout à fait exact... Nous n'avons pas encore reçu nos billets d'avion mais, si cela ne change pas, les dates de notre retour annuel sont à présent fixées : nous décollerons de Port-au-Prince le 1er août et arriverons à Orly le 2 août à 7h. Nous nous poserons alors sur le sol français pour six semaines et repartirons donc le 11 septembre.

Pour l'instant, nous n'avons pas de programme défini mais prévoyons de partager notre temps entre la Bretagne et la région parisienne. Nous sommes également ouverts à toute autre proposition... A bons entendeurs !
Les rendez-vous fixes pour l'instant : quelques jours à La Rochelle (du 12 au 15 août) et une visite professionnelle au siège les 22 et 23 août.


Notre planning de fin d'année scolaire est assez chargé professionnellement et, il faut bien l'avouer, certains aspects de la vie ici ne sont pas tous les jours faciles à vivre.

Ainsi, en ce moment, nous devons faire face à de nombreuses demandes d'argent, quasiment tous les jours. Il faut dire que la période n'est pas des meilleures pour les habitants des Cahos : les récoltes de pois, de maïs, etc. n'ont pas encore rapporté et de nombreux événements nécessitent de l'argent. En effet, c'est le moment, entre autres, des communions et des certificats de fin d'étude, pour lesquels il faut acheter des habits, prévoir des cadeaux, organiser des réceptions. Nous ne pouvons pas dire oui à tout le monde mais il n'est pas toujours aisé de dire non et d'être sans arrêt sollicités...

Dans la rubrique « évènements de fin d'année scolaire », je suis, pour 2005-2006, « marraine générale » de la promotion du centre couture de Veillon. Il s'agit de neuf jeunes filles ou femmes qui achèvent cette année une formation de trois ans en couture et cuisine. Leur programme comporte également des cours de morale, hygiène, et autres. La fin de la formation est marquée par une réception et des cadeaux destinés, en quelques sorte, à aider les diplômées à constituer leur « trousseau ». Cette école professionnelle est subventionnée par Inter-Aide mais, en tant que marraine, je me suis également engagée à la soutenir personnellement. Comme dirait Fanny, de Pérodin : avoir neuf filleules, c'est « anpil kob » ! (= beaucoup d'argent) ;-) ! Avec David, nous sommes invités à la cérémonie de « graduation » qui aura lieu dimanche 2 juillet en l'église de Veillon et sera suivi d'un repas. On vous racontera !

Par ailleurs, nous avons parfois quelques difficultés relationnelles avec certains de nos collègues, un en particulier. Et, comme nous vivons ici dans un micro-micro-microcosme, cela prend bien plus d'ampleur que ça ne devrait ! Allez, comme vous le dîtes si bien Maman et Papa, les vacances approchent…

Malgré des aspects un peu difficiles donc qui engendrent parfois un certain ras-le-bol, le boulot et l'expérience demeurent intéressants. Et, ne vous méprenez pas, nous rencontrons également des gens formidables. En outre, nous venons d'avoir la visite du directeur d'Inter-Aide qui a été plutôt élogieux à l'égard de notre implication et notre responsable vient de nous faire des retours allant dans le même sens. Ça fait du bien et ça rebooste, surtout après des débuts un peu chaotiques (je fais allusion à la prolongation de notre contrat de volontaire avant le passage en CDI).

Côté climat, nous continuons d'avoir chaud quand nous sommes à Port-au-Prince ou à Sterling et Petite Rivière de l'Artibonite (au pied des montagnes) et apprécions donc la relative fraîcheur des mornes lorsque nous remontons ! Mornes qui présentent également le très agréable avantage de n'être que peu habitées par les moustiques, contrairement à la plaine. Et puis, ça y est, on est en plein dans la saison des pluies. Ce qui signifie qu'il pleut quasiment tous les l'après-midi. A Pérodin, la descente (le terrain est en pente) du bureau en fin de journée pour rejoindre la maison relève alors parfois de l'acrobatie. La plante de mes pieds étant un peu moins glissante que mes tongs, il n'est pas rare que je finisse pieds nus ! Mmmh la gadoue, la gadoue, la gadoue... Pensez à la chanson... Mais ce n'est pas si désagréable !
 

Allez, je vous laisse... J'ai fais un peu plus court aujourd'hui non ?
Plein de bises à toutes et à tous et un peu de chaleur humide en prime !
A bientôt, c'est vrai, ça arrive ! J'ai hâte...
 

Nelly

 

Bonjour à vous,
 

J'écris un peu plus gros pour que ça prenne plus de place et que vous ayez moins de choses à lire. Après tout, on se voit bientôt...

Tout va très bien, même si, comme le dit Nelly à mots couverts, il y a quelques "cons" ici (au moins 2) !

Nous avons grand hâte de rentrer dans notre beau pays, cette belle démocratie qu'est la France (qui devrait être éliminée du mondial assez rapidement, n'est ce pas ?) pour vous voir. Ici, c'est la fête dans les rues parce que le Brésil vient de gagner.

Voilà les nouvelles fraîches. En parlant de fraîcheur, je viens d'acheter quelques langoustes pour ce soir. Je ne voudrais pas vous faire envie mais, passées à la poêle avec un peu de beurre et des petits oignons, ça va être bon !!!

On se réconforte comme on peut...

Je vous embrasse.

 

David

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31 mai 2006 3 31 /05 /mai /2006 20:27

Mercredi 31 avril, Port-au-Prince, 30 à 35°C de chaleur humide, à l'ombre bien sûr !

 

Très chers toutes et tous,


En cette fin de mois de mai, recevez nos pensées les plus CHALEUReuses !
J'espère que ce message vous trouvera en pleine forme.
 

Pourquoi êtes-vous formidables (voir objet du message) ? Parce que...

Parce que lorsque l'éloignement et le manque de relations sociales me pèse trop, il y en a toujours un ou une parmi vous qui envoie un mail, expédie une lettre ou me passe un petit coup de fil ! Résultat : cela ne diminue pas la distance physique mais fait un grand bien au moral. MERCI donc à tous. Que ceux d'entre vous qui n'ont pas donné de nouvelles depuis un moment  ;-) n'hésite pas, à leur tour, à faire entendre leurs voix ou lire leur prose !
 

A l'ordre du jour de ce message, notamment, des changements dans notre vie professionnelle. Tout d'abord, lors de sa dernière visite de terrain, notre responsable (Christophe) a confirmé que notre contrat de volontaire serait transformé en CDI. Nous étions ravis de cette nouvelle ! D'autant plus que début mars, notre chef, responsable de secteur depuis janvier, arguant du fait qu'il n'avait pas eu le temps de se rendre compte de notre savoir-faire, avait proposé de rallonger notre contrat de volontaire, qui aurait du prendre fin le 8 avril, de trois mois. Souhaitant rester en Haïti, nous avions bien évidemment accepté. Depuis, Christophe a jugé notre travail et a été convaincu (selon ses dires), si bien que la période de volontariat a finalement été écourtée : nous sommes à présent en CDI. Cool !

En outre, dans le cadre de l'absence provisoire de Jacques, qui se remet tout doucement de son hémorragie cérébrale, nous avons repris une partie de ses fonctions. En effet, Jacques, en plus d'être directeur de l'OKPK, était également responsable de programme (le même poste que nous) sur deux autres zones, Chenot et Bas-Cahos. C'est cette partie du poste que nous avons repris. Nous voici donc responsables de quatre zones d'intervention, soit 35 écoles communautaires, et de quatre équipes, chacune composée d'un assistant et de deux ou trois animateurs communautaires. Ca va, on ne chôme pas, merci ! Je joins une carte de la région où nous vivons et travaillons. La légende est en créole, pour vous aider à comprendre : lisez tout haut et prononcez toutes les lettres (les "e" se disent "é"). Je peux aussi traduire pour vous si vous voulez.

Le planning de cette fin d'année scolaire est par ailleurs assez chargé pour le programme. Il s'agit d'ores et déjà de préparer la rentrée. Chaque comité de gestion des écoles a, aidé des équipes, élaboré un budget prévisionnel pour l'année 2006-2007. En outre, comme chaque année, une évaluation des écoles est réalisée sur le terrain. Critères évalués :

- Appropriation de l'école par les acteurs (motivation, communication et transparence),

- Qualité de la gestion de l'école (gestion des maîtres, élaboration et gestion de projets, gestion financière, gestion du matériel et des infrastructures, inscriptions),

- Qualité de l'environnement de l'école (infrastructures, mobiliers, matériels didactiques),

- Qualité de l'enseignement (niveau académique et pédagogique des maîtres, données concernant les élèves : nombre d'enfants par classe, taux de redoublements, etc.).

Ensuite, d'ici à fin juillet, tous les comités de gestion des écoles présenteront leur bilan de l'année et leur projet de fonctionnement pour l'année à venir devant un jury afin de demander un soutien (financier, logistique et pour les formations) à OKPK (donc Inter-Aide).

J'espère que vous suivez, il y aura interrogation écrite cet été !
 

Et à part le boulot me direz-vous ? Ben...

Ah, si, en descendant des Cahos vendredi dernier, nous nous sommes arrêtés, enfin (première fois ou presque) à la plage le long de la côte des Arcadins, avant d'arriver à Port-au-Prince. Mer bleue et transparente, chaude, soleil éclatant, plage pour nous tous seuls (sans mentir), petits coquillages,... le pied !

Et puis, samedi, nous avons un peu visité certains coins de la capitale et sommes notamment retournés sur la Place du Champ de Mars (véridique le nom). Nous nous sommes renseignés sur le programme du cinéma : Wasabi et American Pie ;-( ! Même si cela fait près de 8 mois que nous ne sommes pas allés au ciné, nous ne nous sommes pas laissés tentés ;-). Samedi prochain : Intolérable cruauté, des frères Cohen. Dommage, nous serons déjà remontés dans les Cahos...

Avant-hier dimanche, nous sommes allés siroter un jus de citron dans un hôtel de la capitale pour pouvoir profiter de sa piscine. Hôtel bien au-delà de nos moyens -154 dollars US la nuit- mais la piscine reste abordable. Même si le cadre ne correspond pas tout à fait à nos goûts en matière de loisirs et choque par son opulence en Haïti, la fraîcheur relative de l'eau demeure bien agréable en ces temps où nous "fondons", même en restant assis derrière un écran d'ordinateur !
 

Côté santé, en ce qui nous concerne, tout va bien ou mieux. Les blessures de David, qui n'en finissaient pas de guérir, sont enfin un mauvais souvenir et il semblerait bien qu'il ait zigouillé son parasite intestinal puisqu'il a retrouvé l'appétit des grands jours ! Quant à moi ? Il semblerait bien que mon système immunitaire, réputé à toutes épreuves, cherche à conforter sa renommée ici. Alors que, mon entourage (les quelques collègues quoi !) affronte malaria (palu), parasites, douleurs diverses et variées, toutes ses maladies m'ignorent. Tant mieux.

Reste la santé morale... Même si David apprend au chat à "faire Matrix" pour qu'il se défende contre les rats et même s'il s'adresse de plus en plus bizarrement à Maga, notre chienne (sa dernière lubie est de l'appeler Marie-Yannick, comme sa mère...), je pense qu'il survivra jusqu'au retour en France. J'espère ;-) ! Pour moi, le moral, et bien ça dépend des jours, en ce moment ça va, je vous écris. Le moins que l'on puisse dire c'est que j'ai HATE de rentrer et de vous voir...
 

Au fait, j'ai oublié de vous dire le mois dernier :

- Je n'aime pas, alors que je viens d'avoir 28 ans (comment ça seulement ?), voir de plus en plus de cheveux blancs lorsque je me regarde dans la glace.

- Je n'aime toujours pas vraiment la bière même si David affirme que celle d'ici, la Prestige, devrait me faire changer d'avis...

- J'aime beaucoup notre nouvelle petite chatte, Cannelle. J'espère qu'elle ne partira pas et qu'elle ne sera pas volée.

- J'adore avoir des nouvelles de vous (ah oui, c'est vrai, ça je l'ai déjà dit !)


Tout plein de bises ensoleillées à toutes et tous, embrassez les "timoun" (enfants) pour moi.

Attention : Evénement à ne pas oublier dans les jours à venir : David aura 33 ans le 7 juin. Il a déjà dit plusieurs fois que c'était l'âge du Christ quand il est mort...

Je pense à vous,

Nelly

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31 mars 2006 5 31 /03 /mars /2006 19:23

Mail collectif du 31 mars 2006


Bonjou oubyen bonswa tout moun,


« M'espere tout bagay anfòm nan travay la ak lavi a » (pour vous aider à lire : en créole toutes les lettres se prononcent et tous les "e" se lisent "é").

Autrement dit, j'espère que tout va bien malgré les « agitations sociales » qui semblent secouer la France -pour ceux qui y vivent- en ce moment...

De passage à Port-au-Prince en cette fin de mois de mars, nous sommes en effet informés de la situation politique et sociale actuelle grâce à Radio France internationale que nous captons dans notre pick-up et à France-Inter que nous écoutons, au bureau, via Internet. Ainsi, nous venons d'écouter l'allocution de Jacques Chirac à propos du CPE... En passant :cela relève d'une certaine incongruité d'écouter Macha Béranger en plein après-midi sous le soleil des Tropiques mais c'est assez agréable. France-Inter en général, pas que Macha bien sûr !

« Merci fée électricité » car elle nous permet enfin d'envoyer des nouvelles. Le mois dernier, l'EDH (Electricité d'Haïti, entreprise publique) avait de sérieux problèmes pour alimenter les réseaux. Aujourd'hui, cela va un peu mieux. Vous avez néanmoins du recevoir des nouvelles de nous via le mail collectif de mes parents -merci Maman, merci Papa (merci les vieux, dixit David)-. J'espère que le récit de leur voyage vous a plu... Peut-être même vous a-t-il donné envie de venir voir comme ça se passe de vous mêmes ? Notre porte vous est grande ouverte !

Au cas où certains d'entre vous n'aient pas eu l'info où ne l'aient pas prise au sérieux, nous avons effectivement un portable depuis cette semaine. Portable qui présente l'énorme avantage (ce n'est pas le cas de tous) de capter à Pérodin, dans le bureau mais pas dans notre maison, on ne peut pas tout avoir... Ainsi, voilà de quoi rompre un peu avec notre isolement et notre éloignement de « lòt bò » (littéralement : l'autre bord) -de vous quoi- parfois difficile à supporter, il faut bien l'avouer... Le numéro : 00 509 (indicatif d'Haïti) 463 85 19.

Que vous raconter aujourd'hui ?

Au cours des deux derniers mois, nous avons poursuivi nos visites dans les écoles des deux zones dont nous avons la responsabilité, Pérodin et Médor. Certaines sont vraiment loin : plus de 3 heures de marche à l'aller et autant au retour ! Mais, chaque fois, les marches sont agréables, les paysages divers et les contextes scolaires différents. La semaine dernière, à Médor, nous avons visité l'école de Jacot, la plus éloignée et sans doute la moins bien lotie de la région. A Jacot donc, il n'y a ni terrain, ni bâtiment pour l'école. Les cours se déroulent donc, pour trois classes, dans l'église, dont le sol est en terre battue et mal nivelé (ce qui génère plein de poussière) et pour les deux autres classes sous un manguier. En outre, la maîtresse (c'est ainsi que l'on dit ici, on ne parle ni d'instituteur, ni d'enseignant, ni de professeur mais de maîtres) de la classe de pré-scolaire est actuellement en congé maternité et, faute de ressources humaines la zone étant très isolée, elle n'a pas été remplacée. Si bien que c'est le maître de 2ème année qui assure les deux classes. Cette situation, vous vous en doutez, est loin d'être idéale en matière de pédagogie... Néanmoins, les maîtres et les membres du comité, parents d'élèves bénévoles qui gèrent l'école, semblent très motivés et continuent de faire en sorte que l'école fonctionne, tant bien que mal. Dans d'autres écoles, la situation matérielle est plus « confortable » mais, quelle qu'elle soit, ce n'est jamais transcendant ! Enfin, c'est la dure réalité de la scolarisation dans les Cahos. Malgré les difficultés rencontrées, les communautés continuent de croire à ces projets et les mettent en oeuvre. Nous y croyons aussi !

Autre caractéristique de la scolarisation à l'école primaire dans les Cahos, et semble-t-il dans l'ensemble du pays, le grand retard des élèves en terme d'années scolaires. Ainsi, dès la 4ème année fondamentale (l'enseignement haïtien compte 6 années fondamentales, soit une de plus qu'en France : cinq ans du CP au CM2), plus de 50 % des élèves ont plus de quatre ans de retard. Il n'est donc pas rare du tout de trouver, sur les bancs de l'école primaire, des « enfants » âgés de 15, 16, 17... 20 ans ! Ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes en matière de pédagogie et d'adaptation des contenus enseignés. Je suis en train de réaliser un état des lieux de l'âge des élèves dans les écoles soutenues par OKPK et Inter-Aide. Je pourrai donc vous en reparler si vous le souhaitez.
 

Parlons un peu des... bêtes ! Maga, la chienne, va toujours bien. En revanche, notre petit chat, dont je vous avais annoncé l'arrivée dans mon précédent mail collectif, a disparu depuis début février. Elijean, le gardien de notre maison à Pérodin, dit qu'il a été volé. Nous avons toutes les raisons de le croire. Et oui, tout se vole ! Il n'avait pourtant coûté que 150 gourdes (environ 3 euros). Avec la disparition du chat, nous avons assisté au retour des souris dans la maison. Comme elles devenaient de plus en plus intrépides et venaient chercher de la nourriture à côté de la gazinière, sous nos yeux, alors que nous étions nous-mêmes à table, nous avons décidé de sévir et... avons acheté deux tapettes ! Résultat : cinq souris attrapées en deux jours et plus rien depuis !

Toujours pour parler "bébêtes", il y a environ un mois, David a attrapé une chique (sorte de puce) dans un orteil. C'est un insecte qui se loge et pond sous la peau. Nous l'avons retiré : les oeufs forment une masse blanchâtre assez grosse, peu ragoûtant ;-( et jusque là, tout allait plutôt bien… Il y a une semaine, les choses se sont gâtées, la blessure s'est infectée. Je vous passe les détails mais nous avons du aller voir un médecin, chirurgien, à Port-au-Prince qui a fait... hurler David en incisant le bout de l'orteil pour vider l'infection ! Le jeune homme avait pourtant reçu trois injections pour anesthésier l'endroit auparavant. Aujourd'hui tout va mieux, merci.

J'arrête pour les bébêtes aujourd'hui, bien que je pourrais encore vous parler des moustiques qui attaquent dur ces jours-ci à Port-au-Prince, signe que la saison des pluies qui est sur le point de commencer ?

J'arrête donc !
 

J'ai envie de vous parler d'autre chose qui s'avère un peu déconcertant pour moi, surtout au moment de payer un achat. Du temps de l'occupation américaine en Haïti, de 1915 à 1934, la parité entre la gourde, monnaie haïtienne, et le dollar, américain, était fixe. Ainsi, pour 5 gourdes, on avait 1 dollar. Depuis, les taux de change ont bien varié puisque, aujourd'hui, pour un dollar américain, on obtient 42 à 43 gourdes. Mais, l'habitude est restée de parler en dollars dits aujourd'hui haïtiens. Ainsi, dans un grand nombre de magasins, en particulier dans la capitale, les prix sont affichés en dollars haïtiens et les factures sont rédigées dans cette monnaie, pourtant fictive. Il nous faut donc sans arrêt multiplier (ou diviser) par 5. Même sur les marchés, y compris dans les Cahos, il n'est pas rare que les marchandes parlent à la fois en dollars (haïtiens) et en gourdes. Imaginez :

 - Achetez-moi ces tomates, le lot pour 25 gourdes !

 - Pourquoi pas ? Et combien coûtent les avocats ?

 - Vous en avez 6 pour 8 dollars ! Etc. !

De quoi en perdre sa table de multiplication par 5 ! D'autant plus que dans certains restaurants ou boutiques de produits importés par exemple, les prix sont affichés en dollars, américains cette fois ! Quand nous voulons comparer des choses qui sont comparables, nous évaluons également la valeur en euros. Inutile de vous dire que nous avons complètement cessé de penser en francs. Tu vois Pierre, tout arrive ;-) !
 

En ce moment à Port-au-Prince, il fait beau et chaud ! Nous avons eu le droit à notre première pluie tropicale en début de semaine. Le temps de rejoindre la voiture à la sortie du bureau pour rentrer à la maison et nous étions trempés ! La saison des pluies promet d'être gaie.

A Pérodin et à Médor, nous n'avons jamais trop chaud, sauf lorsque l'on marche. Nous dormons toujours avec une couverture, altitude oblige : il fait assez frais le soir, environ 20°C...
 

Nous remontons dans les Cahos lundi, 3 avril. Puis, du 4 au 7 avril, nous serons en déplacement à Chenot, autre zone d'intervention de l'OKPK et d'Inter-Aide qui vient là-bas en appui à 9 écoles communautaires. Chenot est situé à environ 2 heures de marche de Pérodin. Cette rencontre dite inter-zones réunira l'ensemble des personnes intervenant dans le volet "Appui aux projets scolaires" (= menés par les écoles) dont David et moi sommes responsables pour les zones de Médor et Pérodin. Ce devrait être très intéressant.
 

Allez, je vous laisse pour aujourd'hui, j'ai déjà du prendre pas mal de votre temps pour me faire lire...
Continuez à nous envoyer des messages, cela nous fait toujours
très très plaisir et nous permet de nous sentir un peu moins loin. J'espère avoir un jour la possibilité de vous répondre à tous, individuellement, peut-être quand nous aurons Internet à Pérodin... C'est toujours à l'ordre du jour mais tarde à venir. Je ne désespère pas néanmoins !
 

Je vous embrasse.
Prenez bien soin de vous.
 

Nelly (qui décline toute responsabilité concernant ce qui suit...)

 

 

Bonjour à vous,

 

Je prends le bleu pour mettre un peu de couleur dans votre vie, et puis parce qu'il y en a tellement ici (dans le ciel...) Remarquez, il y beaucoup de noirs aussi... (humour à deux gourdes, je l'admets).

Comment allez-vous ? En ces temps où "votre" président baisse en popularité, il ne faut pas vous plaindre : vous pourriez vivre dans un pays où il n'y en a toujours pas, comme nous... Et pourtant nous n'allons pas manifester, nous. Remarquez, nous venons de l'entendre (Chirac) en direct de l'Elysée et il n'a pas changé... C'est tout le contraire du pinard !

Mais arrêtons de parler politique. Nelly vous parlait plus haut des bébêtes. Elle a omis les mygales, qui commencent à sortir de leur tanières. Le mois dernier, nous en avons tué trois, dont deux dans la maison à Pérodin. Elles sont grosses comme ma main (sans aucune exagération). La prochaine que j'en vois une, je l'enferme dans un bocal pour l'emmener en France, comme ça vous verrez.

Mis à part ça, tout se passe bien. Maga mange tous les poussins de notre gardien (dix). Imaginez ces petites boules de plumes jaunes, toutes cocottes, qui craquent sous les crocs du chien qui croque. Sacrée Maga ! Si ça se trouve, c'est elle a mangé le chat...

Pour ceux qui  voudraient nous appeler sur notre téléphone PORTABLE (oui, nous en avons un. Tu vas être contente, Fanny...) Remarquez, je dis portable, mais il pèse trois kilos, sans la batterie (batterie 12V, comme dans les voitures, vous y croyez les gars ?). Donc, quand nous allons marcher, il est un peu lourd. L'avantage, c'est qu'on peut le brancher sur la batterie de la voiture directement. Mais comme on n'a pas de voiture là où on travaille, ça sert pas à grand chose... D'ailleurs, en parlant de ça, les parents de Nelly nous ont offert une lampe qui permet de recharger les téléphones. C'est chouette la technologie ! On n’a pas tout ce qui fait le confort (bière, frigo, électricité, potes, bars, ...) mais on a une lampe qui permet de recharger les téléphones portables ! Dommage qu'elle permette pas de recharger Nelly quand elle est fatiguée. N'empêche qu'elle est super la lampe. Merci Jeannine et Yannick !

Voili voilà (tiens, c'est la marque de notre téléphone), j'ai pas parlé de boulot, mais c'est pas grave.

 

Je vous embrasse tous. Si je me souviens bien, deux bises pour les bretonnes, une pour les parisiennes et trois pour les casques à pointes.

 

Allez, fini les conneries, tchao,

David

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28 janvier 2006 6 28 /01 /janvier /2006 18:30

Texte issu d'un mail collectif envoyé le 28 janvier 2006

 

Chers tous,

 

J'espère que ce message vous trouvera toutes et tous en pleine forme. Merci pour vos bons vœux, je renouvelle les miens : tout plein de bonne chose à vous aussi en 2006 !
 

Que ceux d'entre vous qui auraient eu des nouvelles alarmantes en provenance d'Haïti ne s'inquiétent pas pour nous, nous allons bien. Certes, il y a des manifestations dans les rues, la semaine dernière c'était contre la Minustha (Mission des Nations Unies pour la stabilité en Haïti) qui, selon la population, ne remplit pas son rôle. Certes il y a des enlèvements à Port-au-Prince mais, le plus souvent, ils se produisent dans des quartiers dans lesquels nous n'avons pas le droit d'aller et nous ne transgressons pas l'interdit. Et puis, à Pérodin, dans les montagnes où nous résidons la plupart du temps, le climat social est très calme. Nous avons néanmoins hâte que les élections aient lieu -elles ont été reportées une énième fois et sont prévues pour le 7 février- et espérons que cela apaisera la situation dans le pays.
 

Peut-être vous posez-vous des questions sur l'intitulé de ce message ? Nous avons effectivement un nouveau compagnon depuis 3 semaines. Il s'agit d'une petite chatte tricolore que nous avons appelé Mango, un peu sans raison au départ mais il semblerait que ce nom lui aille comme un gant car elle prend beaucoup de plaisir à grimper dans les manguiers de notre jardin. Nous avons fait le choix de prendre un chat pour tenter de faire fuir les souris de la maison. Pour l'instant, Mango en a, à notre connaissance, attrapé une et est donc à égalité avec David dans cette compétition. Avec Maga, la chienne, les débuts ont été un peu houleux mais cela semble aller mieux de jour en jour...
 

Aujourd'hui, je vais vous parlez des difficultés d'accès de notre lieu de vie et des conséquences, notamment en matière de développement. Ainsi, dans les 35 écoles soutenues par Inter-Aide dans les Cahos, un programme de construction en dur a été lancé l'année dernière, pour remplacer les tonnelles ouvertes sous lesquelles étaient auparavant dispensés les cours. L'une des conditions à la réalisation de ces projets de construction est que les communautés y participent, non pas tant financièrement mais en apportant des matériaux. Ainsi, Inter-Aide paye les artisans ainsi que le ciment, les tôles, les madriers pour la charpente, les clous, etc. si et seulement si les parents d'élèves amènent du sable, des roches et de l'eau pour la construction. Et, il leur faut parfois aller chercher bien loin ces matériaux. Beaucoup d'écoles se sont en effet implantées au sommet des mornes et les rivières qui fournissent l'eau et le sable coulent en bas des collines, évidemment ! Le transport des matériaux se fait à tête d'hommes et de femmes qui montent et descendent les montagnes avec des poids impressionnants sur les têtes. Il arrive fréquemment qu'il soit difficile de convaincre les parents de porter des matériaux pour construire les bâtiments scolaires. Nous (et plus précisément les équipes avec lesquelles nous travaillons) avons alors un grand rôle en terme de sensibilisation -de motivation comme on dit ici- sur le rôle de chacun et en particulier des parents dans une école communautaire.

Lorsque les matériaux locaux sont arrivés à destination, il faut ensuite faire monter le ciment, les tôles, etc. Ce n'est pas non plus toujours aisé car la piste est raide et il n'y a qu'un chauffeur à l'OKPK, personnage assez difficile à gérer et qui n'en fait un peu qu'à sa tête. Il est d'ailleurs sur le départ, son contrat se terminant fin janvier ne sera pas renouvelé. Nous espérons que cela se passera bien car il est colérique et fait peur à certains à Serling, village siège de l'OKPK.

Tout ça pour vous donner quelques détails sur notre vie et notre travail ici et sur l'une des conséquences de l'isolement de la zone où nous travaillons. Christian, notre responsable de Versailles, nous a appris que certains bailleurs de fonds ne soutiennent financièrement des projets que si la zone dans laquelle ils devaient être développés était accessible par la route. Ainsi, en terme de développement, il semblerait que le désenclavement d'une zone soit un facteur si ce n'est primordial, au moins essentiel !
 

Les difficultés d'accès de notre chez nous, se ressente aussi pour nous. Ainsi, hier, nous sommes partis de Sterling à 8h15. (Nous avons passé la nuit de jeudi à vendredi au centre de formation de l'OKPK, je vous raconterai plus loin ce que c'est.) Bref, voici petit résumé de notre "périple" : nous avons d'abord droit à 30 minutes de piste faite de cailloux et donc très secouante, puis, de nouveau 30 minutes de piste moins caillouteuse mais tout aussi secouante, le tout dans un nuage de poussière blanche permanent. Après, c'est le paradis car nous tombons sur une route fraîchement goudronnée et impeccable -merci l'UE : la route est un projet financer par l'Union européenne- mais cela ne dure que 15 minutes ! Ensuite, nous nous retrouvons sur la route nationale n°1 qui, nous n'en doutons pas, fut très certainement très chouette, un jour ! Aujourd'hui, les portions goudronnées a peu près convenablement succèdent aux énormes trous qui prennent la place de ce qui fut un jour la chaussée : "séance montagnes russes" garantie mais sans les lumières de la fête foraine ! Par contre, nous longeons la Côte dite des Arcadins et le paysage est très agréable (mer bleue, cocotiers, soleil...) Cela dure environ une heure avant que nous n'arrivions dans la grande banlieue de Port-au-Prince. Et alors, selon les bouchons, l'encombrement des routes, le nombre de véhicules en panne et de tap-tap (= taxis collectifs) qui s'arrêtent au milieu de la route pour embarquer et débarquer des passagers, il nous faut plus d'une heure pour arriver chez nous. Hier, ce n'était pas trop bouché : on a mis 1h15. Ce qui fait 4h15 de voyage. Quand on descend directement des Cahos, vous ajoutez 1 heure de marche pour arriver jusqu'à la voiture puis 1h30 de descente ultra pentue, en deuxième, avec de magnifiques vues sur les montagnes alentour et sur... les précipices au détour de la piste ;-) ! En tous cas, on apprécie d'arriver et David goûte tout particulièrement la Prestige (bière locale) bien fraîche ! 

Tant que j'y suis, je vous dis deux mots de la circulation à Port-au-Prince : pour résumé, vous oubliez toutes les règles du code de la route que vous avez apprises et vous ne vous débrouillerez pas trop mal ! Disons que c'est un peu la loi du plus fort. Par exemple, lorsque nous arrivions à un carrefour, c'est le plus gros véhicule et le plus téméraire qui passe le premier. Ca va pour nous, avec notre pick-up Toyota, nous faisons partie des plus gros !

Je vous ai dit plus haut que je reparlerai de l'OKPK, je tiens mes promesses. "OKPK, sa vle di Oganism pou Kore Pwojè Kominotè", c'est-à-dire Organisme de soutien à des projets communautaires. Il a été créé par Inter-Aide dans l'objectif d'une autonomisation progressive des projets menés par Inter-Aide dans les Cahos et, plus précisément, pour une reprise en main de ces projets par une structure haïtienne. Pour l'instant, l'OKPK n'existe pas encore en tant qu'ONG à part entière mais est sur la voie pour le devenir. OKPK aujourd'hui, c'est trois volets : un pour les formations aux maîtres des écoles soutenues (un peu comme un IUFM peut-être) et aux membres des comités de gestion de ces mêmes écoles ; un volet logistique et administratif, par le biais duquel nous passons les commandes pour les livres d'enseignement, les cahiers, les crayons pour les élèves, le ciment, les tôles et autres matériaux pour la construction des écoles ; et un volet "appui aux projets scolaire" (au sens de projets développés par les écoles) qui regroupent deux programmes scolaires : l'un dans les zones de Chenot et Bas-Cahos, l'autre dans les régions de Médor et Pérodin. C'est ici que nous nous situons dans l'organigramme d'OKPK : nous sommes responsables de programme dans le cadre du volet d'appui au projets scolaires, détachés d'Inter Aide auprès d'OKPK. Organigramme assez complexe n'est-ce pas ?!

Concrètement, sur le terrain, nous avons beaucoup de liberté et d'autonomie. Avec l'OKPK, nous avons un cadre, des lignes directrices pour nos actions de soutien et c'est plutôt une bonne chose. En effet, j'ai cru comprendre qu'auparavant, chaque RP (responsable de programme), faisait un peu ce qu'il voulait dans sa région d'intervention et sans qu'il y ait nécessairement de concertation avec ceux intervenants dans les autres zones.

Le travail continue de me plaire mais, les jours où je suis pessimiste, je me dis que je ne suis là que pour donner de l'argent ! C'est en partie vrai... mais je pense quand même que nous pouvons faire plus et être force de propositions.

La visite de nos chefs en Haïti s'est bien passée. Christian nous a appris qu'il quittait Inter-Aide et passait le relais à Christophe -qui travaillait auparavant pour l'OKPK à Sterling-. Discuter avec eux nous a permis de faire le point que ce que l'on attendait de nous. Pour l'instant, ils ne semblent pas mécontents de notre travail ici.
 

Je vous laisse pour aujourd'hui, mon mail est déjà bien long non ? Nous allons déjeuner -il est 13h30 ici, soit 6h de moins qu'en France et je ne sais pas pour l'Irlande, l'Argentine, Singapour ou le Liban ?-  avant de nous atteler à la comptabilité du mois, ce qui signifie plusieurs heures de travail en perspective...

Demain, nous irons peut-être nous baigner et siroter un "fruit punch" (jus multi-fruits frais) autour de la piscine d'un grand hôtel de Port-au-Prince, cela fait partie des petits plaisirs de la capitale...
 

Je vous embrasse très fort et pense beaucoup à vous.
A très bientôt de vous lire j'espère.
Couvrez-vous bien, surtout ceux qui vivent dans des contrées froides !

Nelly

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29 décembre 2005 4 29 /12 /décembre /2005 20:00

Mail collectif du 29 décembre 2006


Bien chers toutes et tous,
 

Fin de mois oblige, voici le déjà (?) traditionnel mail collectif en provenance d'Haïti.

J'espère que vous avez bien profité des fêtes de Noël, des fruits de mer, du foie gras, du champagne, des bons vins, des chocolats et autres festivités. Le Père Noël vous a-t-il gâté ? Pour ceux qui sont en France, j'espère que vous ne souffrez pas trop du froid qui, semble-t-il sévit dans l'hexagone…

A Port-au-Prince, pour changer, il fait chaud (28° à 30° Celsius paraît-il), tant et si bien que j'ai quelques difficultés à me dire que nous serons en 2006 dans quelques jours, j'ai parfois l'impression que l'été c'était vraiment hier.


Nos premiers pas tous seuls dans les Cahos se sont plutôt bien passés. En cette fin d'année, le planning professionnel est assez chargé car en plus de tâches administratives pour le programme scolaire en tant que tel, nous devons rédiger le rapport annuel (heureusement, Virginie avait fait un gros travail dans ce sens), faire le rapport photo et compulser tout un tas de chiffres pour les annexes du rapport annuel. Ainsi, nous n'avons pas pu visiter beaucoup d'écoles mais nous espérons bien nous rattraper en janvier.

Quoi qu'il en soit, le travail nous plaît. Les relations que j'entretiens avec mes collaborateurs directs à Pérodin et à Médor sont bonnes. Il semblerait qu'ils nous fassent d'ores et déjà confiance même si, chose logique, nous devons faire nos preuves.
 

Côté personnel, la balance penche également du côté positif. Les quelques jours passés avec Virginie et Patxi autour du 15 décembre furent assez agréables ; il semblerait que leurs vacances leur aient fait du bien : selon leurs dires, elles leur ont permis de positiver. Du coup, l'ambiance était plus cool !

Nous avons investi la maison de Pérodin, fait du ménage (aussi « maniaques » soyons-nous –je vois déjà le sourire de certains d'entre vous ;-), je vous assure que cela était nécessaire) et fait quelques aménagements.

Un épisode fut néanmoins assez douloureux à vivre : quatre (sur six) des chiots de Maga, notre chienne, sont morts. Ils avaient des vers et agonisaient en gémissant, parfois pendant plusieurs heures, devant nous. Nous avons essayé de les sauver en les soignant avec les moyens disponibles dans les Cahos (assez faibles, d'autant que la maladie était avancée) et en les nourrissant de lait sucré et de miel à l'aide d'une gosse seringue. Bref, nous préférions quand ils jouaient et chahutaient, y compris dans nos jambes, plutôt que de les voir amorphes et dépérissant sans que nous ayons de réels moyens d'actions. Enfin, c'est passé, aux dernières nouvelles les deux survivants gambadent !
 

Nous sommes descendus à Port-au-Prince vendredi dernier et avons fait route pour Jacmel, petit village côtier dans le sud du pays, pour quatre jours de vacances avec quatre collègues. Le cadre était paradisiaque ! Nous avions loué une petite maison avec vue sur la mer et n'avions que quelques mètres à faire pour nous baigner. La mer était chaude et nous nous amusions dans les vagues, y compris David pour qui l'eau n'est pourtant pas l'élément favori (peut-être un stéréotype sur les Bretons qui tombe ?).

Nous avons également eu un menu de Noël qui, loin sans doute de ressembler aux vôtres, n'était pourtant pas dénué d'intérêt, jugez plutôt : foie gras et magret de canard accompagné d'un bon vin blanc, le tout ramené de France par Audrey et Benjamin ; langoustes et riz à la sauce armoricaine ; mousse au Nutella (si si, c'est possible et pas mauvais du tout ;-)), préparée par Ilse et Jean-Luc.

Au cours de ces quelques jours, nous avons également visité un joli coin nommé « Bassin bleu ». Au cœur des montagnes proches de Jacmel, se trouvent des bassins d'une eau transparente et fraîche dans laquelle se baigner et plonger fut un réel plaisir, après avoir bénéficié du massage de la cascade qui s'y déverse... Imaginez...

C'est ici que vient l'explication de l'objet de ce message : je vous assure qu'il est tout à fait envisageable de prévoir des vacances en Haïti, y compris en famille. Alors, si le cœur vous en dit, faîtes nous signe !

Ce cadre paradisiaque et les bonnes relations que nous entretenons avec nos partenaires de vacances ne pallient pas néanmoins le sentiment de vide que je ressens parfois. Il y a des jours où l'éloignement m'est en effet plus difficile à vivre que d'autres... Alors, continuez à nous écrire et à nous envoyer des nouvelles, cela permettra aussi de faire taire des voix qui, ici, me disent « Loin des yeux loin du cœur ! »
 

Peut-être avez-vous eu des échos de la situation en Haïti ? Si tel est le cas, ne vous inquiétez pas trop pour nous. Certes, il y a des quartiers de Port-au-Prince « interdits » parce trop dangereux, certes nous entendons parfois des coups de feu, certes la Minustah (mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) et les casques bleus sont très présents et armés dans les rues, mais, en toute honnêteté, je ne me suis encore jamais sentie en insécurité, ni à Port-au-Prince, ni sur la côte, ni dans les Cahos.

En ce moment, nous parlons et entendons beaucoup parler des élections, notamment présidentielles, dont le premier tour aurait du avoir lieu le 8 janvier, mais qui viennent une nouvelle fois d'être reportées. Plusieurs personnes s'accordent à dire que si émeutes et mouvements de foule il devait y avoir, ce serait à ce moment là et dans les grandes et moyennes villes. Nous sommes donc attentifs au calendrier électoral et espérons que les élections auront tout de même lieu car la campagne bât son plain, au gré de meetings et camions qui vantent, à tue-tête et en musique, en sillonnant les rues, les mérites de tel ou tel candidat  -vous devriez voir, c'est assez original par rapport aux méthodes françaises traditionnelles !- Bref, nous espérons donc que les élections auront lieu car, dans le cas contraire, les gens risqueraient d'être déçus et de s'impatienter. Et puis, si mes sources sont exactes, le premier ministre actuel du gouvernement provisoire a déjà annoncé sa démission pour le mois de février et il est prévu que le Président intérimaire quitte ses fonctions à la fin du mois de février.
  

Au cas où je n'aurais pas l'occasion le faire plus tard, je profite de ce mail pour vous souhaiter une très heureuse année 2006, qu'elle vous comble dans tous les domaines et voie se réaliser tous vos projets !
 

Je vous embrasse très fort et pense bien à vous, y compris après l'arrêt du clavier...
Prenez bien soin de vous et de vos proches.
 

Nelly

 

Ne vous inquiétez pas, je suis toujours en vie même si vous ne me voyez pas m'exprimer sur le Net. J'espère que vous allez tous bien. Couvrez vous chaudement parce que les nuits sont fraîches, sauf pour ceux qui ont une bouillotte à côté ou qui ne liront pas ce mail depuis la France...

Ici, tout va très bien. Je me suis bien acclimaté au rythme haïtien et la vie est belle.

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année et une bonne année 2006, pleine de bonnes choses.

A très bientôt,

David

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2 décembre 2005 5 02 /12 /décembre /2005 17:28
Texte issu d'un mail collectif envoyé le 2 décembre 2005.

De passage à Port-au-Prince en ce début de mois de décembre, je profite d'un moment où il n'y a quasiment que moi au Relais (nom que nous donnons au bureau d'Inter Aide à PAP) pour squatter l'ordinateur collectif et vous envoyer des nouvelles.
J'espère que tout va bien pour vous, que vous supportez le froid et que vous avez survécu à l'état d'urgence décrété en France...
 
Depuis hier soir, la passation officielle avec Virginie et Patxi est terminée. Nous sommes assez ravis (David me dit qu'il aurait mis "nous sommes ravis !!"). Même s'il fut intéressant de travailler avec Virginie, que je pense avoir appris plein de choses et qu'elle  maîtrise bien le programme, nous avions hâte de pouvoir voler de nos propres ailes, d'essayer de faire nos preuves sur le terrain, de prendre le projet en main.
Et puis, tous nos temps en commun ne furent pas tous aussi agréables les uns que les autres, sans doute l'aviez-vous compris dans mon précédent mail. Depuis, nous avons découvert encore plus la personnalité de Patxi et il m'est arrivé d'écrire qu'il ne me fut pas facile de vivre et d'échanger avec un homme macho, excessif, homophobe, alcoolique, parano, qui a raison sur tout ou presque, et j'en passe !! Aujourd'hui, cette période est finie ou presque et mon jugement serait donc sans doute moins sévère mais quand même...
Je dis "période presque finie" car Virginie et Patxi ont prévu de revenir quelques jours dans les Cahos après leurs vacances en Haïti (qui commencent aujourd'hui) et avant leur retour en France, soit du 15 au 19 décembre inclus. Cette visite ne ravit pas du tout mais alors pas du tout David ! Je ne suis pas aussi catégorique, comme je sais que Virginie revient, je sais aussi que je pourrai lui soumettre toutes les questions et problèmes qui se seront posés à moi dans les 15 prochains jours. C'est quelque part sans doute retarder pour mieux sauter mais ce n'est pas moi qui leur ai proposé de revenir. D'ailleurs, ils ne nous ont pas consulté à ce sujet, nous ont dit qu'ils revenaient et puis c'est tout !
 
Un autre avantage de la fin de la passation, c'est que nous allons pouvoir gérer notre temps comme nous le souhaitons. Après un mois et demi à travailler tous les jours, du lundi matin au dimanche soir, en commençant entre 8h et 9h et en finissant le plus souvent vers 19h, souvent vers 20h, parfois 21h, nous avons envie de pouvoir faire aussi autre chose, sans passer pour une fainéante bien entendu ! A voir fonctionner Virginie et, dans une moindre mesure Patxi, j'en suis arrivée à la conclusion selon laquelle ils ne savaient plus faire autre chose que travailler. Ils ne savent plus non plus très bien parler d'autre chose -ou alors pas longtemps-. Et puis, Patxi nous a dit qu'ils avaient sacrifier trois ans de leur vie pour les Cahos, que la région "était dans la merde" et que la vie de milliers de gens reposait sur nous, qu'ils avaient rompu avec la plupart de leurs amis, etc. Je, nous n'avons vraiment, mais vraiment pas envie de reproduire ce schéma ! J'ai envie de travailler pour ce programme auquel je crois mais j'ai aussi envie de faire tout à un tas d'autres choses : lire, vous écrire, jouer, bricoler, m'occuper de l'aménagement de la maison, etc. Sortir pour aller boire un verre ou au ciné ne fait pas partie de l'ordre des possibles...
 
Parlons un peu de la marche et du créole puisqu'il en était question dans mon mail précédent. Pour la marche, merci à tous ceux d'entre vous qui me disent que je ne connais pas ma chance de pouvoir faire du sport sans aller m'essoufler dans des salles de gym hyper asseptisées. Je vois que vous compatissez ;-) ! Alors ? Les montées sont toujours un peu difficiles mais j'ai moins besoin de reprendre mon souffle, David court toujours comme un cabri. Il faut dire qu'il est proportionnellement toujours moins lourd à porter que moi, d'autant plus qu'il a déjà maigri, il a du passer en-dessous de la barre des 60 kgs et perd ses pantalons ! Alors que c'était l'une de mes motivations pour venir en Haïti ;-), il semblerait que mes kilos superflus n'aient pas vraiment envie de me quitter...
 
Côté créole, l'apprentissage suit son cours et nos interlocuteurs dans les Cahos trouvent que, dans ce domaine, je me débrouille plutôt mieux que David ;-) ! Je comprends relativement bien la langue, j'ai plus de difficultés à la parler. Mais, il va bien falloir que je m'y mette puisque Virginie est partie et que la quasi-totalité de nos échanges "là-haut" sont en créole. Y compris dans mes relations professionnelles les plus directes. Je travaille avec deux équipes, une à Pérodin, l'autre à Médor, chacune composée d'un assistant et de trois animateurs communautaires. Parmi eux, seuls les assistants parlent français.
 
Allez, je ne vais pas tarder à vous laisser en espérant bien vite vous lire. Je vous assure que ce ne sont pas des paroles en l'air : je pense à ma prochaine connexion Internet -et donc à mon prochain lien avec vous- tout le long du trajet entre Pérodin et Port-au-Prince (environ 7h). Lorsque j'arrive au Relais, je n'ai qu'une hâte : accaparer l'ordi pour découvrir vos messages, les nouvelles, etc.
Notre prochain passage à la capitale est prévu pour la fin du mois de décembre, sans doute le 23, peut-être le 24. Pour l'instant, nous n'avons rien prévu pour les fêtes, peut-être irons-nous passer quelques jours de vacances sur une des côtes ?
 
Je vous embrasse bien fort (David ajoute : "moi aussi") et pense bien à vous.
Prenez soin de vous.
N'ap wè (au moins par mail...)
 
Nelly
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