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Texte Libre

Bonjour à vous, amis bloggeurs. Voici une porte ouverte sur Haïti, pays dans lequel nous avons vécu et travaillé pendant près de deux ans. Nous habitions à Pérodin, petit village au coeur de la chaîne des montagnes noires, appelée aussi chaîne des Cahos, dans le département de l'Artibonite.

En octobre 2005, nous atterrissions à Port-au-Prince. Nous avions été embauchés par l'association Inter Aide en tant que responsables d'un programme de scolarisation primaire dans une zone "rurale et isolée", selon les termes de l'annonce...

Un an plus tard, revenus dans les mornes haïtiennes et heureux propriétaire d'un appareil photo numérique, nous avions désormais la possibilité de vous faire découvrir en images notre cadre de vie.

C'est ainsi qu'est né le blog.

De nouveau sur le territoire français depuis le mois d'août 2007, nos chemins se sont séparés. Si bien que davantage qu'un blog, cet espace est désormais plus un aperçu d'une tranche de vie.
En espérant que sa visite vous plaise...
15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 14:50

Dans la région de Cap-Haïtien, en 1811, Henri Christophe, ancien esclave devenu premier roi noir de l'île, fait bâtir la forteresse Laferrière, une construction démesurée et délirante. Retour sur un royaume en ruines.

La brume gorgée de pluie enveloppe le morne du Bonnet-de-l'Evêque. Soudain, un coup de vent révèle la pointe nord de la citadelle, perchée sur la cime. Comme si la proue d'un vaisseau fantôme surgissait, à 1 000 mètres d'altitude. Vaisseau de pierres venu du ciel qui aurait jeté l'ancre dans cette végétation tropicale et ces parcelles de bananiers et de caféiers. A la barre : l'esprit d'Henri Christophe, ancien esclave puis général en chef de l'armée, devenu premier roi noir d'Haïti, autocouronné en 1811, jusqu'à son suicide, vingt ans plus tard.

La citadelle construite par le roi Christophe, gigantesque et mégalomaniaque ouvrage guerrier, avait d'ailleurs pour premier objectif de repousser une éventuelle nouvelle tentative d'invasion française. L'ennemi n'est jamais revenu. Et les plus de 200 canons, pointés vers les quatre coins cardinaux depuis les galeries où coule le brouillard par les meurtrières, sont restés muets pour l'éternité. Laferrière est une ville labyrinthe construite entre ciel et terre pour être inexpugnable, avec ses deux seules portes d'entrée pour ses 8 000 m2 de superficie au sol. Un dédale d'escaliers, de galeries, de cours, de cuisines, de salles de gardes, capable ­ dit-on ­ d'héberger une garnison de milliers de soldats sur six étages. Sur les toits, des réservoirs étaient prévus pour récolter l'eau de pluie et tenir en cas de siège. Des milliers d'hommes ont travaillé des années durant à monter les énormes blocs de pierre en haut du morne, «cimentés» avec un mélange de chaux et de sang de boeuf.

«Nous n'avons pas d'orgueil parce que nous n'avons pas de souvenirs, disait Henri Christophe. J'apprendrai l'orgueil à mon peuple dussé-je pour cela lui briser les reins de travail.»

 

Le petit royaume de Christophe ­ cantonné au nord d'Haïti car, à peine l'indépendance proclamée, le pays s'enfonçait dans une longue période de divisions et de troubles ­ n'est plus qu'une ombre famélique de ce qu'il fut à l'époque, territoire prospère chargé de fruits, de bois précieux et des plus riches plantations de canne à sucre et de café du monde. Cap-Haïtien ­ rebaptisé Cap-Henri évidemment ­ était alors un des ports les plus fréquentés des Amériques. Mais le roi avait transféré la capitale à Milot, aux pieds du morne du Bonnet-de-l'Evêque, aux pieds de la citadelle donc, vers l'intérieur des terres, toujours par souci d'une meilleure défense en cas d'invasion. Le monarque y fit construire un hôpital, une imprimerie, des écoles, une académie d'art, une caserne... et bien sûr son «Versailles haïtien», le palais Sans-Souci.

 

De Milot, aujourd'hui, il ne reste qu'un petit bourg poussiéreux où s'alignent pauvres maisons et cases de tôle le long des rues défoncées. Le palais Sans-Souci n'est pas mieux portant, qui a été presque rasé par un tremblement de terre en 1843. Ne restent que quelques pans de hauts murs avec leurs bas-reliefs de fausses colonnes doriques. Les sols rongés par la végétation ont été rendus aux poules, aux cabris et aux gamins de Milot. Les canaux qui descendent des monts sont encore là. Leur eau fraîche passait sous les dalles du palais en guise de climatisation. Au centre d'une immense cour est planté un caïmitier plusieurs fois centenaire sous lequel, raconte Napoléon Dupin, le roi Christophe rendait sa justice. «Il était implacable, se félicite le vieux guide, et mettait directement en prison les parents qui n'envoyaient pas leurs enfants à l'école.»

 

Au palais du roi Christophe se tenaient des fêtes qui pouvaient durer plusieurs jours et où toute la cour se devait d'être présente : le prince du Trou Dondon, le duc de la Marmelade, le comte de Limonade, ou celui de l'Acul, le baron de la Seringue... Des noms venus des lieux-dits et des plantations des campagnes environnantes. Christophe ne manquait cependant pas d'imagination et aurait aussi décerné à l'un de ses fils issu d'un adultère le titre de «duc des Variétés». «Car c'est pour varier mes plaisirs que j'ai fait infidélité à ma femme», disait-il.

«Le règne de Christophe fut une dictature dite "éclairée", avec l'ordre comme projet de société, qui s'appuyait sur une élite noire, estime l'historien Eddy Lubin, à Cap-Haïtien. Ce ne fut que la reproduction d'un système semi-féodal avec l'attribution de terres à une nouvelle noblesse issue de la haute hiérarchie militaire de l'époque.» D'une certaine manière, malgré l'indépendance conquise par les esclaves et fils d'esclaves, le petit royaume ne faisait que reproduire le schéma des «colonisateurs» blancs qui venaient d'être jetés dehors.

Comme l'immense majorité des chefs d'Etat que devait ensuite connaître Haïti, Henri Christophe, tyranneau pour les uns, visionnaire bâtisseur pour les autres, finira mal en se tirant une balle en or en pleine tempe, en octobre 1820, plutôt que d'affronter une révolte de ses sujets. Une poignée de ses derniers fidèles l'enterra à la va-vite dans la citadelle où, dit aujourd'hui une plaque grandiloquente, «seule la poussière impalpable de la dépouille tragique du monarque défunt frôle invisiblement les murs», toujours étranglés par les tentacules de la brume.

Textes de Jean-Hébert ARMENGAUD
LIBERATION.FR : Samedi 6 mai 2006 - 06:00

 

 

 

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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 17:42

 

 





Comment faire la planche plus sereinement ?

Avec un gilet de sauvetage bien sûr !


Merci Naïma d'être venue nous rendre visite en Haïti !
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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 17:16
des oranges, des oignons et... un chat !



Cannelle !
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26 avril 2007 4 26 /04 /avril /2007 22:25

Une fois les résultats du premier tour des élections présidentielles connus, nous sommes allés manger un hamburger ! On a joué au billard, lu la presse ou regardé un match de foot qui opposait deux équipes espagnoles.

Pour nous, c’était un dimanche presque normal dans le sens où il pouvait ressembler à ceux que nous vivions avant l’expatriation en Haïti : nous avions du plaisir à être ensembles et à faire autre chose que travailler !





 

Nous avons discuté politique, aussi, et notamment du non d’une majorité des Français, l’année dernière, au referendum sur la constitution européenne. Toujours concentrés !


 


 

Puis, nous avons joué aux cartes, c’était moins polémique ;-)…

Pour finir la journée, nous avons travaillé sur un projet de financement des écoles communautaires soutenues par notre association, projet que nous soumettrons, peut-être, à la coopération canadienne. Faut pas exagérer le temps de la récréation quand même !

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23 avril 2007 1 23 /04 /avril /2007 17:22
Dimanche 22 avril 2007, un peu avant 13 heures, on attend, concentrés et un peu angoissés ! Le bar où nous nous sommes réfugiés pour avoir les résultats est fermé mais le patron accepte que nous restions là et même que nous consommions nos Pringles et bières.



En face : une chaîne française reçue via la liaison satellite de la Guadeloupe, une image qui saute un peu, un écran neigeux mais, on capte néanmoins l'essentiel...

Et puis, à 13 heures, le résultat :



Bon, ça aurait pu être pire... Il y a quelques jours, une enquête des RG aurait annoncé la possible présence du leader du FN au second tour.
Donc, "papimal" comme on dit ici ! Mais, il y a du boulot pour le second tour... Non, il ne m'est pas interdit de militer sur ce blog ;-).

Rendez-vous dans 15 jours.

Au fait, vous avez entendu parler du livre interdit, censuré, de Serge Portelli, sur le bilan de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Interieur ? Et aussi de l'article de Marianne sur la personnalité très particulière du même monsieur qui, semble-t-il, pourrait s'avérer sérieusement dangereux ? Non ? Dites-le moi, je vous transfère les références par mail. Si on peut sauver quelques voix... ;-)

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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 23:43

Combat de coqs 2
Vidéo envoyée par davidbilzic
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1 avril 2007 7 01 /04 /avril /2007 22:43

 

La gaguère est le sport national dans les Cahos. Elle se pratique pendant la saison sèche, c'est à dire de décembre à mars. Vous l'aurez compris, je parle du combat de coqs. C'est un "jeu" où les paysans misent de l'argent, parfois des grosses sommes. Cette année, la saison de gaguère aura duré peu de temps, faute de kob (argent).

Ce jeu se déroule sur une terrain d'environ 5 m² et attire beaucoup de monde (des hommes essentiellement), comme vous pouvez le voir ci-dessous

Le coq devient alors l'animal chéri du paysan, celui qui est suceptible de lui rapporter yon piti kob.

Certains volatiles sont superbes, mais d'autres, qui ont déjà vécu quelques combats, sont en piteux état. D'ailleurs, lorsque les coqs perdent, ils survivent rarement à plus de deux ou trois gaguères.

 

 

 

 

 

 

 

 

 






Voici venu le moment de l'évaluation des gladiateurs. Les coqs sont tenus par un petit cordon fixé à la patte et placés face à un adversaire potentiel. Selon leurs réactions, leur hargne, leur forme physique, les propriétaires et parieurs évaluent si les coqs pourront ou non s'affronter.

 Avant le combat, les ergots des coqs sont taillés à la lame de rasoir. Ainsi, ils blesseront plus facilement leur adversaire et les rendront plus agressifs. Des plumes sont également prélevées, affutées et distribuées aux personnes situées autour de l'arène. Elles serviront à piquer les coqs pour les exciter s'ils deviennent trop pacifiques.

 

 Les gladiateurs se font face et doivent maintenant s'affronter ... 

Quand on voit ça, on comprend mieux l'expression "voler dans les plumes"... 

  Les plumes se dressent, les coqs volent, les assauts sont sauvages et le sang coule ...

 Le combat devient une sorte de ballet macabre qui s'achèvera lorsque l'un des adversaires sera mort, ou à terre, ou bien lorsque les hommes auront décidé que l'un des coqs a largement le dessus et feront cesser le combat. Le propriétaire du perdant n'aura ainsi pas tout perdu dans sa journée...

 

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21 mars 2007 3 21 /03 /mars /2007 16:52

Depuis quelques mois, grâce à un "inverter", nous avons la possibilité de recharger notre ordinateur portable à la maison. Et, depuis quelques jours, nous avons récupéré des DVD : merci aux collègues !
Résultat : cinéma à la maison...
Bon, OK, on ne choisit pas vraiment les films et l'écran est plutôt petit mais... on est dans les Cahos ! Ainsi, ont été visionnés : Le voleur de bicyclette, vieux film italien, L'auberge espagnole, Le grand bleu, version longue (c'est vrai que c'est long...), Les Tontons flingueurs et Tout sur ma mère.
Vous le consatez, Maga profite également de la séance. Quant aux chats, ils ne sont jamais très loin...
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10 décembre 2006 7 10 /12 /décembre /2006 12:24














Selon des sources sures, il semblerait que, malgré les risques inhérents à cette demande, la personne concernée ait émis une réponse positive. Pour 2007 ...



 
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20 novembre 2006 1 20 /11 /novembre /2006 17:10

Mardi 31 octobre 2006, en soirée, de nouveaux actes de violence ont été commis à Chenot, une des localités importantes des Cahos. Nous vous en avons parlé, une autre agression armée y a eu lieu au mois d'octobre (voir article du 22/10/2006, rubrique Insolite).

Les faits : plusieurs hommes armés ont pénétré dans la cour de la maison des sœurs (kay mè). Les sœurs ont pu s’enfuir alors que les voleurs étaient encore à l’extérieur. Elles se sont réfugiées chez le père. Ont été dérobés de l'argent des écolages (inscriptions des élèves à la rentrée des classes), des cartons de livres, des vêtements, une télévision,... Les religieuses de Chenot sont en effet responsables d’une école primaire qui accueille plusieurs centaines d’élèves et d'un collège, le seul de la zone. Le père ayant tiré un coup de feu en l’air –oui, le père est armé- pour prévenir la population, les brigands se sont enfuis avec ce qu’ils ont pu emporter. La télévision a été retrouvée plus loin, elle était trop lourde sans doute... De toute façon elle ne fonctionnait plus mais ça, les voleurs ne pouvaient pas le savoir !

Ainsi, malgré le déplacement d’un député, de journalistes et de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilité en Haïti), après l’agression de Ciliane une dizaine de jours plus tôt, les vols continuent...

Suite à cette deuxième attaque armée, Maréus, assistant du programme scolaire pour la zone de Chenot, qui regroupe neuf écoles communautaires que nous soutenons, en congé au moment des faits, ne souhaitait pas « remonter ». Avec la maison des sœurs et celle du père, la sienne est, il est vrai, une cible plus que potentielle. Ses craintes apparaissent d’autant plus fondées qu’il a appris qu’un homme, un inconnu, était venu se renseigner auprès du gardien de sa maison quelques jours après l’agression des sœurs (pour plus de facilités, je traduis du créole) :

 - Où est Maréus en ce moment ? Quand reviendra-t-il à Chenot ?

 - Est-ce Maréus qui garde tout l’argent du programme scolaire de la zone de Chenot dans ses mains et, si oui, où le range-t-il ?

 - Si quelqu’un souhaite emprunter une grosse somme d’argent, pourra-t-il le faire auprès de Maréus ?

 - Est-ce Maréus qui garde tous l’argent des écolages de la zone ?

 - Où se trouve l’argent servant à rémunérer les maîtres ? Est-il dans la maison ou ailleurs ?

Vous le constatez, plutôt précises comme questions ! On pourrait même dire un peu trop… Notre chef se demande d’ailleurs s’il faut attribuer un quelconque crédit à une tentative d’approche aussi peu discrète ! Le problème, d’après Maréus, c’est qu’il peut en effet s’agir d’une manœuvre d’intimidation mais, cela peut tout aussi bien être une véritable action de reconnaissance… Dans le doute, mieux vaut s’abstenir. On s’abstient donc. De toute façon, Maréus ne souhaite pas retourner tout de suite vivre dans sa maison, du moins pas seul et pas tant que des actions policières ou de justice n’auront pas été menées. Il se démène d’ailleurs dans ce sens et contacte même le ministère de l’Intérieur. Non pas uniquement pour le programme scolaire précise-t-il, mais tout simplement en tant que citoyen. Les sœurs ont, quant à elles, décrété qu’elles ne remettront plus les pieds à Chenot. Le père attend quelques temps pour y retourner ; aux dernière nouvelles, il doit s’organiser pour que les établissements scolaires tenus par les sœurs, fermés depuis l’agression, réouvrent.

Pour son travail –et oui, je dois aussi penser à ça, statut de responsable oblige…-, il fera la supervision des neuf écoles de la région depuis Petite Rivière (en bas des mornes), Pérodin ou ailleurs. Ce qui signifie plus d’heures de marche en perspective… Nous referons le point début décembre.

Maréus reste très informé de ce qui se passe à Chenot. Ces jours-ci, il a appris qu’un individu du village avait été clairement identifié comme l’un des meneurs de l’action. Il serait également recherché pour d’autres méfaits à Port-au-Prince. Peut-être la communauté de Chenot fera-t-elle justice elle-même, à suivre…

Pour nous, la règle d’or reste identique : ne conserver quasiment pas d’argent liquide chez soi. Mais, et si les voleurs s’intéressaient également aux télévisions ou aux ordinateurs ? Les gens, à Médor et à Pérodin, ne semblent pas trop inquiets car, disent-ils, la communauté y est plus soudée qu’à Chenot, ce qui aurait pour effet d’empêcher de tels actes. L’avenir nous le dira.

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