Au cours des dernières semaines, l’évolution de la situation sécuritaire a été contrastée. Toutefois, comme les années précédentes, il faut s’attendre à une recrudescence d’actes délictueux à l’approche des fêtes de fin d’année, recrudescence dont les prémices sont d’ores et déjà perceptibles. L’anticipation de ce phénomène a d’ailleurs conduit les autorités haïtiennes à élaborer un dispositif spécial de sécurité, à l’occasion d’une réunion tenue le 20 novembre avec les élus de la capitale et la Minustah [Mission des Nations Unies pour la stabilité en Haïti], et dont les médias ont rendu compte.
NB : Des chiffres divers circulent concernant le nombre des enlèvements et assassinats à Port au Prince. Ceux qui sont communiqués ci-après correspondent à des cas avérés. S’agissant des enlèvements, les indications fournies concernent le nombre des personnes enlevées ; on donne parfois le nombre des enlèvements, qui est généralement inférieur, car il arrive que plusieurs personnes soient enlevées ensemble.
ENLEVEMENTS
Entre le 16 et le 25 octobre, quatre de nos compatriotes ont été victimes d’enlèvements. Tous ont été relâchés, mais l’une des femmes enlevées a subi des sévices.
Alors que le nombre global des enlèvements recensés au cours du mois d’octobre était de 17 -des chiffres inférieurs n’avaient été enregistrés qu’en juin (14) et septembre (14 également), tandis qu’août avait marqué une légère augmentation (26)-, 21 enlèvements ont déjà été signalés entre le 1er et le 18 novembre. Et il semble que le « chiffre noir » des enlèvements non signalés, qui a toujours été élevé (on estime que le nombre réel des enlèvements est double du nombre des enlèvements rapportés), est encore supérieur à ce qu’il était dans la période précédente. Les ravisseurs, en effet, menacent les familles d’exercer, si elles préviennent la police, des violences sur les personnes kidnappées.
Comme cela avait été constaté l’an dernier, les enfants recommencent à être ciblés : ils sont 7 parmi les 21 victimes signalées en novembre (le plus jeune avait 2 ans ½).
SECURITE GLOBALE
La partie nord (la plus élevée) de Martissant -qui n’a jamais été pleinement sécurisée- est redevenue dangereuse. Les gangs y auraient regagné en puissance.
Dans Cité Soleil, il est sans doute prématuré de parler de reconstitution des gangs, comme l’on fait certains médias. Cela étant, de petits groupes commencent à ressortir leurs armes (très peu, comme on le sait, ont été récupérées).
Dans le bas de Port au Prince, à plusieurs reprises en cours du mois d’octobre, de petits groupes armés ont mis à sac une partie de rue ou un pâté de maisons, rançonnant les commerçants. Trois fois au moins, des fusillades ont duré plusieurs minutes. L’intervention des forces de sécurité semble avoir donné un coup d’arrêt , même si des exactions sont toujours signalées, à ce qui était en passe de devenir dans ce quartier une inquiétante dérive.
Enfin, la zone de Pétion-Ville n’est pas épargnée et la prudence reste recommandée aussi bien à domicile que lors des déplacements, même les plus anodins.
ASSASSINATS
Le nombre des assassinats a fortement diminué. En effet, depuis qu’en début d’année l’ordre a été rétabli dans les quartiers autrefois dits « de non-droit », on n’enregistre plus guère de meurtres dans ces quartiers (alors que plusieurs fosses communes découvertes cet été commencent à donner une idée du nombre des meurtres qui y étaient perpétrés durant les deux années précédentes).
Mais le nombre des assassinats recensés (ceux qui avaient lieu dans les zones de non droit ne pouvaient pas l’être) demeure constant (soit 90 à 100 par mois pour Port au Prince, un nombre annuel comparable à celui que l’on recense sur l’ensemble du territoire français).
CONCLUSION
Les interventions de la Minustah entre décembre 2006 et mars 2007 ont mis fin à une forme spécifique d’insécurité, qui procédait de l’histoire récente d’Haïti. Ces interventions ont permis une très forte amélioration de la situation sécuritaire.
Les faits exposés ci-dessus montrent toutefois que cette amélioration reste très fragile.
L’insécurité qui subsiste est désormais comparable, en intensité, à celle qui prévaut dans la plupart des pays de la Caraïbes (étant entendu que la région est l’une des régions du monde où les problèmes de sécurité sont les plus marqués) et dans de nombreux pays d’Amérique latine.
Cette insécurité, conséquence d’une situation sociale marquée par une très grande pauvreté, produit d’une société qui a perdu ses repères (absence de normes), rendue possible par la faiblesse des structures étatiques, ne reculera que très progressivement, au fur et à mesure que :
· le redémarrage de l’économie haïtienne sera suffisamment affirmé pour créer des emplois et générer des ressources alternatives à celles qu’offrent les trafics en tout genre et la criminalité.
· les forces répressives (police, justice) se renforceront et se professionnaliseront.
En conséquence, l’ambassade vous invite une nouvelle fois à suivre les recommandations en matière de sécurité contenues dans la brochure qu’elle a diffusée il y a quelques mois par voie électronique (pour celles et ceux qui ne l’aurait pas reçue, une copie peut être obtenue sur simple demande par messagerie).
Téléphone : (509) 222 09 51 / 52 / 53
Télécopie : (509) 223 56 75